Introduction
Avant les jeux vidéo, avant Saint Seiya, la série qui a sans doute le plus marqué mon enfance (comme celle de millions de bambins de part le monde), c’est évidemment les Maîtres de l’Univers. Je voulais donc boucler la boucle de ma collection par cet hommage, 20 à 30 ans plus tard, à la préquelle de tous ces bons souvenirs de gosse...
Cette gamme de jouets et son adaptation en dessin animé a touché le coeur de toute une génération, rencontré un succès mondial pendant près de 10 ans, et influencé la plupart de celles qui l’ont suivie. Solides, durables, ingénieux, mieux que tout ce qui se faisait à l'époque, un peu la Neo-Geo du jouet quoi... Je vous propose dès lors de m’accompagner pour un petit saut «back in the eighties» pour se remettre dans le contexte et apprécier l’oeuvre à sa juste valeur =)
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I - La genèse
Commençons par le commencement. Nous sommes au début des années ’80, en pleine euphorie Star Wars. Kenner triomphe avec les jouets dérivés de la série, tandis que Mattel est en pleine crise. C’est aussi l’avènement de l’Heroic Fantasy, et le succès pour Tolkien avec Donjons & Dragons.
Mattel joue son avenir et veut lancer une gamme de figurines exploitant la licence de Conan le Barbare, mais c’est au-delà de leurs moyens. Ils créent alors différents prototypes de leur propre initiative. Parmi eux, c’est un barbare blond qui remporte les suffrages, Le personnage de Musclor était né.
Il sera accompagné d’archétypes de personnages de jeux de rôle à la Tolkien, chacun portant un nom en fonction de ses aptitudes. Des héros musculeux (limite stéréotype gay), colorés, des figurines solides, une identité visuelle forte (notamment la célèbre police de caractère), c’était un bon début. Mais ça ne suffisait pas. Mattel va alors innover.
Chaque blister de figurine comportait un mini-comic, petite BD de quelques pages mettant en scène le nouveau personnage. C’est non pas un héros, mais tout un univers qui sera créé, avec des personnages secondaires, des montures, des véhicules, des forteresses,... Tous comportant des mécanismes incorporés rendant chaque personnage bien différent. Les illustrations de packaging étaient en outre absolument superbes.
Mais le vrai tournant sera l’abrogation toute fraîche d’une loi interdisant de créer un dessin animé décliné d’une gamme de jouets. Mattel flaire le bon coup et contacte Filmation, qui va apporter une importante touche personnelle. En effet le concept du barbare blond qui massacre des créatures à grands coups de hache est jugé trop violent par ces derniers, le Château des Ombres est trop lugubre pour symboliser les forces du bien, Skeletor est trop sinistre, etc etc.
Filmation va donc changer la psychologie des personnages et en intégrer d’autres : Orko par exemple, le petit magicien gentil et gaffeur originaire de la planète Trolla. Gringer, le tigre de Musclor, devient un tigre domestique peureux et qui parle. Tila ne sera plus la Déesse du Pouvoir, mais bien le capitaine de l’armée du roi d’Eternia, Randor. Musclor n’est plus un barbare, c’est le prince Adam, fils du roi Randor. Il possède une identité secrète et se transforme en Musclor en prononçant la formule magique culte «Paaaar le pouvoir du Crâne Ancestraaaal... Je détiens la force toute puissaaaaante !». Grâce à la créativité des producteurs Lou Scheimer et Hal Sutherland, la série deviendra rapidement incontournable.
Le concept de la transformation Adam/Musclor sera l’identifiant pour les enfants, et l’une des clés du succès de la série. La formule de transformation est répétée à chaque épisode, les enfants l’apprennent vite par coeur, et les ventes de jouets explosent à travers le monde entier. 130 épisodes du dessin animé verront le jour.
Dès qu’un nouveau personnage apparaissait à l’écran, les enfants le réclamaient. Mattel rachète les droits sur Orko et le prince Adam, et sortent les figurines pour le plus grand plaisir d’un public conquis. Le concept du prince Adam et de sa transformation sera dès lors également repris dans les mini-comics.
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